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الأحد، 5 فبراير 2017

الأحد، 5 فبراير 2017

FORMATION A DISTANCE DES PROFESSEURS D’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL


 ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ECOLE NORMALE SUPERIEURE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES – BOUZAREA
FORMATION A DISTANCE DES PROFESSEURS
D’ENSEIGNEMENT FONDAMENTAL
PROFIL : PROFESSEURS DE FRANÇAIS
MODULE : SEMIOLOGIE
NIVEAU : 3ème ANNEE ENVOIS N° 1-2-3
Document élaboré par M. BENALI Miloud Sofiane
ANNEE UNIVERSITAIRE : 2007 – 2008 1
SEMIOLOGIE - SOMMAIRE
A-THEORIE : QU’APPELLE-T-ON SEMIOLOGIE ?
1- POURQUOI LA SEMIOLOGIE ?
2- QU’EST-CE QUE LA SEMIOLOGIE ?
3- SEMIOLOGUES ET COURANTS SEMIOTIQUES
a- Ferdinand De Saussure
b- Charles Sanders Peirce
c- Louis Hjelmslev
4- SEMIOLOGIE VS SEMIOTIQUE
5- SEMIOLOGIE VS LINGUISTIQUE
6- LA THEORIE DU SIGNE LINGUISTIQUE
a- Le signe est arbitraire
b- Le signe est conventionnel
c- Le signe est linéaire
d- Indice, icone, symbole
7- LA THEORIE DE LA COMMUNICATION
a- La boucle de la communication
b- Le schéma de la communication de Jakobson
c- Critique du schéma de la communication
8- LA SEMIOLOGIE DE LA SIGNIFICATION
B- DOMAINES D’APPLICATION
1- LA SEMIOLOGIE VISUELLE
2- LA SEMIOLOGIE DU CINEMA
3- SEMIOLOGIE DE LA MUSIQUE
C-TERMINOLOGIE INDISPENSABLE

QUELQUES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 2

A-THEORIE : QU’APPELLE-T-ON SEMIOLOGIE ?
1- POURQUOI LA SEMIOLOGIE ?

Pendant près de trois décennies, A.J. Greimas et, avec lui, toute une équipe de chercheurs ont élaboré une des plus grandes approches "sémiotiques" contemporaines : celle-ci a pris rapidement un très important développement, toujours en expansion, au point de rassembler des centaines de chercheurs non seulement en France mais aussi dans le monde entier.
Cette discipline traite des "signes", de la "signification", de la "communication" intersubjective et sociale dans bien des domaines (littérature, presse, publicité, image, B.D., photographie, cinéma, gestualité, théâtre, architecture, culture populaire, urbanisme, musique, etc.). Une discipline qui s’intéresse à tous les langages possibles.
Si la sémiotique – s'appuyant sur F. de Saussure et L. Hjemslev – s'est d'abord intéressée à l'organisation interne de toutes formes de discours (à la suite des travaux d'un V. Propp ou d'un C. Lévi-Strauss), elle a, depuis plusieurs années, accordé chaque jour plus d'importance à l'énonciation, à tout ce qui relève de la pragmatique : elle tente donc aujourd'hui d'associer à une analyse de type plus objectif, déjà ancien (les structures narratives et sémantiques, de l'ordre de l'énoncé) une approche plus récente, de caractère subjectif qui fait appel à ces deux instances, individuelles et/ou sociales (dans le cas de la "praxis énonciative"), que sont l' "énonciateur" (= l'émetteur ou l'auteur) et l'"énonciataire" (= le récepteur ou le lecteur).
2- QU’EST-CE QUE LA SEMIOLOGIE ?

Au départ, la "sémiologie" – depuis la définition précise, proposée par F. de Saussure : « Science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » – avait essentiellement en vue l'inventaire et le fonctionnement des signes dans un univers socioculturel donné et historiquement déterminé. Ce qui caractérise aujourd'hui la "sémiotique" (terme qui a pris le relais de celui de "sémiologie) c'est le fait qu'elle cherche non pas à établir une typologie incontestée et universelle des "signes", mais à savoir plutôt ce qui se passe "sous les signes" ou 3
"entre les signes", ce qui est à la base de leurs mutuelles relations d'où jaillit le sens avec toutes les nuances, toutes les menues variations qui l'accompagnent et ce quels que soient les domaines étudiés, les champs d'application.
La sémiotique cherche certes à traiter du sens (comme la plupart des sciences humaines) ; cependant, elle limite son analyse à que ce que l'on a proposé d'appeler la "signification primaire". Une signification perçue par le lecteur ou le spectateur non-averti (moyen).
Ceci dit, le but affiché de la sémiotique est moins l'étude de la communication que celle, beaucoup plus large, de la signification, tant au niveau dénotatif que connotatif, tant au plan de l'énoncé (syntaxe et sémantique) – qui relève de l'analyse objective du message (qu'il soit sonore, visuel, gestuel, etc.) – qu'à celui de l'énonciation (de l'ordre de la pragmatique) qui met en jeu les conditions de production du sens, les rapports avec le contexte, avec les interlocuteurs, avec l'espace et le temps.
La sémiologie ou sémiotique étudie les conditions dans lesquelles des signes produisent du sens. Un signe peut être un événement, un texte, un dessin, un discours, une affiche, un rite culturel, etc.
La Sémiotique, ou sciences des signes, s’intéresse à ce qui sous-tend un signe, ou un ensemble de signes, dans un champ langagier, dans un premier temps, puis dans un champ extra-langagier. En effet, après avoir cerné la signification d’une production langagière, la sémiologie s’intéresse à étudier et comprendre les conditions énonciatives qui ont permis la production de cette dernière. On entend par conditions, tout aspect élémentaire, contextuel ou situationnel.
3- SEMIOLOGUES ET COURANTS SEMIOTIQUES :

Bien que tous les grands penseurs, même s'ils ne l'ont pas fait explicitement, se soient interrogés sur le problème de la signification, on s'accorde généralement à distinguer deux 4
sources à la sémiotique moderne : F. de Saussure et C.S. Peirce. Pour être plus complet il convient d'accoler au nom du premier celui du linguiste danois Louis Hjelmslev.
a- Ferdinand De Saussure :

Ferdinand de Saussure (1857-1913) avait pour dessein d'étudier "la langue envisagée en elle-même et pour elle-même", reprenant ainsi le projet stoïcien sur la base de la matérialité du langage lui-même. Il place naturellement la linguistique comme partie d'une "science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale" qui nous apprendrait "en quoi consistent les signes, quelles lois les régissent". Sa sémiologie a donc à priori partie liée avec les sciences sociales ; la dimension sociale est représentée dans sa conception par une "force sociale agissant sur la langue", au point qu'elle formerait" une partie de la psychologie sociale, et par conséquent de la psychologie générale". Son point de vue relève cependant de l'approche comparative : "si l'on veut découvrir la véritable nature de la langue, il faut la prendre d'abord dans ce qu'elle a de commun avec tous les autres systèmes du même ordre" et sa valorisation du langage "le plus répandu et le plus complexe des systèmes d'expression" a ouvert la voie à une sorte d'impérialisme de la linguistique sur la sémiologie car la linguistique pourrait selon lui devenir "le patron général de toute sémiologie, bien que la langue ne soit qu'un système particulier".
b- Charles Sanders Peirce :

Charles Sanders Peirce (1839-1914), "le plus original et plus éclectique penseur que le continent américain ait jamais produit" s'intéresse entre autres à la sémiotique qu'il considérait avant tout comme une logique, c'est à dire "la science formelle des conditions de la vérité des représentations", ce qui le raccorde aussi au projet stoïcien. Cependant son propos vise à saisir la totalité des processus engagés dans l'établissement des significations : c'est pourquoi on pourra trouver dans son oeuvre une phénoménologie, puisqu'il est indispensable d'avoir à sa disposition une théorie de la simple présentation des choses à l'esprit avant toute théorie concernant leurs représentations. On y trouvera aussi une conception triadique et dynamique du signe (sémiosis) essentiellement relationnelle car la signification relève de la forme des relations transmise par les signes et de leur combinatoire plutôt que de leurs propriétés matérielles. 5

c- Louis Hjelmslev :

Louis Hjelmslev (1899-1963) est un linguiste danois dont l'oeuvre est un maillon indispensable pour comprendre l'évolution de la linguistique moderne issue des intuitions de F. de Saussure. Sa contribution a une théorie des signes (dans une perspective encore dyadique) se mesure à deux niveaux : d'une part, il ne limite pas à des signes minimaux ou "mots" la dimension des unités minimales signifiants en prenant en compte des signes-énoncés et des signes-discours; d'autre part, il introduit la distinction entre forme et substance sur les deux faces signifiant-signifié du signe saussurien ouvrant la voie à une complexification de la théorie saussurienne qui ne peut qu'en augmenter la valeur de connaissance
4- SEMIOLOGIE VS SEMIOTIQUE :

Ces deux termes sont synonymes. L’un et l’autre ont pour objet l’étude des signes et des systèmes de signification.
Sémiologie renvoie davantage à Saussure, à Barthes, à Metz et de façon plus générale à la tradition européenne où les sciences dites humaines restent plus ou moins attachées aux mouvements littéraires, esthétiques et philosophiques.
Sémiotique renvoie à Peirce, Morris et plus généralement à une tradition anglo-saxone marquée par la logique
De façon générale, la sémiologie est l’étude de tout système de signification en tant que langage. Ainsi, les rapports sociaux, les arts, les religions, les codes vestimentaires, qui ne sont pas des systèmes verbaux, peuvent être étudiés comme des systèmes de signes, autrement dit, comme des langages. Comme nous l’avons vu, pour Saussure, la sémiologie est « la science qui étudie la vie des signes au sien de la société sociale ». On peut retrouver en eux ce qui caractérise toute langue : une dimension syntaxique (rapport entre les signes et ce qu’ils désignent), une dimension pragmatique (rapport entre les signes et leur utilisateur dans la communication). 6
De façon spécifique, on pourra considérer que la sémiologie est une analyse théorique de tout ce qui est codes, grammaires, systèmes, conventions, ainsi que de tout ce qui relève de la transmission de l’information.
5- SEMIOLOGIE VS LINGUISTIQUE :

La sémiologie et la linguistique on t des rapports privilégiés. La linguistique peut facilement être envisagée de façon sémiologique, si l’on considère les langues comme des systèmes de signes. Elle sera alors une branche de la sémiologie, celle qui étudie les langages verbaux. Pour Saussure, « les signes entièrement arbitraires réalisent mieux que les autres l’idéal du procédé sémiologique ; c’est pourquoi la langue, le plus complexe et le répandu des systèmes d’expression, est aussi le plus caractéristique de tous ; en ce sens la linguistique peut devenir le patron général de toute sémiologie, bien que la langue ne soit qu’un système particulier ».
Historiquement, la sémiologie s’est développée en étroite collaboration avec la linguistique. Elle a emprunté des concepts à la phonologie, elle est inspirée des travaux de R. Jakobson et L. Hjelmslev.
6- LA THEORIE DU SIGNE LINGUISTIQUE :

La transmission de sens d'un individu à un autre repose dur l'existence du signe linguistique. Ferdinand de Saussure a été le premier à définir de façon précise cette notion importante, à l'aide des notions suivantes:
Le signe est formé de deux parties:
a) une partie matérielle: le SIGNIFIANT (image acoustique, image mentale du signe, la représentation mentale sonore)
b) une partie immatérielle: le SIGNIFIÉ (partie conceptuelle du signe --notion). 7
Prenons un exemple, le mot "oiseau":

Le signe linguistique est donc le résultat de l'association d'un signifiant (groupe de sens) et d'un signifié (le sens). Il est difficile de concevoir l'un sans l'autre.
Le signifié est en réalité différent de la définition mais on l'utilise ici comme remplacement par souci de simplicité. Le signifié est constitué d'éléments de sens qu'on appelle les "attributs sémantiques" (concept tiré de la sémantique). Les attributs sémantiques d'un signifié se combinent pour créer le sens du signe.
À ces deux distinctions signifiant-signifié, il faut en ajouter une troisième. D'un côté, nous avons la réalité sonore (ou écrite mais qui ne fait que traduire la réalité sonore) dont nous parlons ([wazo]), d'un autre côté nous avons la NOTION de l'objet auquel on réfère. Cette notion existe dans l'esprit des locuteurs, et c'est ce qui leur permet de se comprendre. Cependant, nous n'avons pas parlé de l'objet lui-même, celui dont on parle. Il s’agit du référent (l'objet physique, matériel dont les locuteurs parlent).
Le rapport entre le signifié et le signifiant est non arbitraire mais nécessaire car il fonde le signe lui-même. Par contre, le rapport entre une réalité elle-même et un signe (la signification) est, elle, arbitraire et elle est le résultat d'une convention entre les individus d'une communauté linguistique particulière. Ce rapport constitue la base de toute communication linguistique, alors que les mots, ou comme nous pouvons les appeler maintenant les signes, prennent vie lorsque le lien entre signifiant et signifié est effectué, ce 8
qui nous donne une signification entre une image acoustique et une notion, une réalité mentale (signifié).
À partir des observations précédentes, nous pouvons affirmer que le signe linguistique se définit par son caractère:
a- Le signe est arbitraire :

Comme nous l'avons mentionné auparavant, il n'y a pas de relation "naturelle" entre le mot (ou le signifiant) et la réalité physique qui lui est associée (le signifié).
Par exemple, le choix du mot "bureau" ne repose sur aucun critère qui aurait pu favoriser le choix d'un tel mot plutôt qu'un autre.
Une exception cependant : les onomatopées. Dans ce cas, les mots utilisés sont relativement proches du son que l'on veut décrire, et ce, dans toutes les langues. Ex.: le chant du coq, le bruit de la vache, le jappement du chien.
Le bruit d'un canard:
- français: /couin-couin/
- anglais: /quack-quack/
- allemand: /pack-pack/
- danois: /rap-rap/
- hongrois: /hap-hap/
Si ce lien obligé entre la réalité et le signe linguistique existait, tous les humains parleraient probablement la même langue. Ce caractère arbitraire du signe fait que l'on doive apprendre un large vocabulaire lorsqu'on apprend une langue, quelle soit maternelle ou seconde.
Évidemment, ce caractère arbitraire du signe linguistique ne s'applique pas aux autres sortes de signes. Par exemple, les signaux routiers doivent se ressembler à cause du fait que l'action est la même dans toutes les langues. Par exemple, un panneau comportant un pain
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indiquera aux locuteurs de toutes les langues et cultures (ou presque) qu'il y a une boulangerie à proximité.

b- Le signe est conventionnel :

Pour que les membres d'une communauté se comprennent, il faut qu'ils s'entendent sur les mêmes conventions ou sur les mêmes signes. En conséquence, les signes sont considérés, comme nous avons dit précédemment, comme étant conventionnels, en cela qu'ils résultent d'une convention entre les membres d'une communauté. En fait, partager la même langue, c'est également partager un certain nombre de conventions.
c- Le signe est linéaire :

Le signifiant se présente de façon linaire dans l'axe du temps. Il nous faut du temps pour prononcer un mot, pour le réaliser de façon physique. De même, il y a un ordre qui est suivi lors de sa prononciation. Dans la réalisation du signifiant [wazo], il ne m'est pas permis de prononcer les sons dans un ordre différent de celui que nous avons ci-haut si je veux que les autres locuteurs me comprennent. Les signes forment donc une successivité et non une simultanéité. Par opposition, les signes routiers peuvent se substituer: "obligation de tourner" et "tourner à gauche".
d- Indice, icone, symbole :

Dans la sémiotique de Ch. S. Peirce on distingue trois types de signes : les indices, les icones, et les symboles.
(1) Les signes indiciels : sont des traces sensibles d’un phénomène, une expression directe de la chose manifestée. L’indice est lié (prélevé) sur la chose elle-même (la fumée pour le feu).

Indice : « Fait immédiatement perceptible qui nous fait connaître quelque chose à propos d’un autre fait qui ne l’est pas. » (Prieto, Sémiologie)
(2) Les signes iconiques : sont des représentations analogiques détachées des objets ou phénomènes représentés. (l’image en particulier)
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Icone: « Signe dont le signifiant et le signifié sont dans une relation « naturelle » (ressemblance, évocation). » (Robert)
(3) Les signes symboliques : rompent toute ressemblance et toute contiguïté avec la chose exprimée. Ils concernent tous les signes arbitraires (la langue, le calcul…)

Symbole : « Un symbole est la notation d'un rapport --constant dans une culture donnée-- entre deux éléments. » (Dict. de linguistique Larousse). Comme le signe linguistique, le symbole résulte d'une convention arbitraire
La sémiotique de Peirce, qui date de la fin du XIXème siècle, a depuis quelques temps retrouvée une seconde jeunesse. Sans doute faut-il y voir la pertinence qu’elle offre dans la compréhension et l’analyse des formes actuelles de la communication audiovisuelle et en particulier depuis l’émergence des “nouvelles images“. D’un point de vue sémiologique, la caractéristique principale de ces “nouvelles images“, qui, par le biais de l’iconicité, cherchent à ressembler aux “anciennes“, est de ne pas posséder de lien indiciel avec l’objet représenté. L’absence de contiguïté indicielle des “nouvelles images“ a fait ressurgir, par opposition, cette dimension cachée de l’image photographique et cinématographique, même si cet aspect de trace (“ça a été“) fut parfois souligné par certains auteurs comme Roland Barthes" « La photo est littéralement une émanation du réfèrent. ».
7- LA THEORIE DE LA COMMUNICATION :

La sémiologie de la Communication étudie uniquement le monde des signes, par exemple l'étude des systèmes de vêtements de deuil ou de la canne blanche de l'aveugle (système à un seul signe ou signe isolé).
Représentants éminents : Georges MOUNIN, Eric BUYSSENS, Louis PRIETO. La sémiologie de la Communication a étudié : code de la route, signaux ferroviaires maritimes et aériens, le morse, les sonneries militaires, les insignes, les langages machine, la notation musicale, le langage de la chimie, des ordinateurs, les langues parlées, sifflées, le tam-tam...
Conscient, conventionnel, précis : sémiologie de la communication 11

a- La boucle de la communication :

Les linguistes se sont évidemment intéressés à la transmission de sens entre deux individus. Cette étude a d'abord été schématisée à l'aide de la "boucle de la communication", qui présente les principaux éléments impliqués dans une interaction :
production d'un message (encodage)
la transmission d'un message
la réception d'un message (décodage)

Si les étapes ci-dessus sont respectées non seulement par l'émetteur mais également par le récepteur, on obtient ainsi la boucle de la communication, qui inclut une communication bidirectionnelle:
Les linguistes ont ensuite essayé d'élargir ce schéma en éclaircissant certaines de ses fonctions et en essayant d'incorporer le rôle de certains autres facteurs.
b- Le schéma de la communication de Jakobson :

Ce schéma permet d'identifier tous les intervenants et tous les facteurs intervenant dans une communication entre personnes. Tous les facteurs identifiés dans ce schéma ont un rôle à jouer dans le cas d'une interaction et ils influencent, tous, le message qui est transmis d'une certaine façon.
• Destinateur ~ Destinataire: correspondent respectivement à l'émetteur et au récepteur. Dans le cas d'une interaction normale, la communication est bidirectionnelle alors que deux personnes interagissent de façon courante. Dans les cas où la communication est institutionnalisée (implique une institution comme une administration publique, une télévision, une université, etc.), la communication est unidirectionnelle alors que l'interaction implique l'intervention verbale d'une seule personne alors que l'autre écoute. Une hiérarchie plus ou moins rigide s'impose lors de ces interactions, comme c'est le cas dans la salle de classe, où le professeur enseigne et où vous écoutez.
• Message: le matériel transmis par l'interlocuteur, l'information transmise. Ce message varie énormément dans sa durée, sa forme et son contenu. Dans les interactions individualisées, le message est généralement adapté à l'interlocuteur. Dans des communications institutionnalisées, le message est plutôt rigide et standard.
• Contact (Canal): canal physique et psychologique qui relie le destinateur et le destinataire. La nature du canal conditionne aussi le message. Un canal direct (locuteurs en face à face) implique une réponse directe dans le même médium, qui est l'air ambiant dans ce cas. Le canal peut être modifié pour vaincre en particulier l'effet du temps: l'écriture sur du papier (livres, journaux, magazines, etc.), bandes magnétiques, disques, support magnétique utilisant même le courrier électronique, etc. 13
• Contexte: la situation à laquelle renvoie le message, ce dont il est question. Le contexte de situation, lui, réfère aux informations communes aux deux locuteurs sur la situation au moment de la communication. Ces informations sont sous-entendues et elles n'ont pas besoin d'être répétées à chaque fois que l'on débute une interaction.
• Code: "un code est un ensemble conventionnel de signes, soit sonores ou écrits, soit linguistiques ou non linguistiques (visuels ou autre), communs en totalité ou en partie au destinateur et au destinataire." (Leclerc 1989) Code doit être compris par les deux locuteurs pour permettre la transmission du message. Dans certains cas, le message peut mettre en oeuvre plusieurs codes en même temps. Dans ces cas, redondance, complémentarité ou contraste peuvent être mis en jeu.
c- Critique du schéma de la communication :

Comme tout modèle théorique, il se prête à la critique. La principale faiblesse de ce schéma est que les fonctions proposées existent rarement à l'état pur. Les messages font souvent appel à plusieurs fonctions de façon simultanée. La fonction d'un message serait donc celle qui domine et non seulement celle qui est ou celles qui sont présentes.
Deuxièmement, les fonctions du langage sont totalement laissées de côté, comme celles référant aux rapports sociaux établis à l'aide du langage. Les choix sociaux et même politiques effectués à la fois de façon consciente et même inconsciente par les individus ne sont pas analysés par le fameux schéma de Jakobson.
8- LA SEMIOLOGIE DE LA SIGNIFICATION :

La sémiologie de la Signification n'a pas d'a priori, elle étudie signes et indices, sans se préoccuper de la distinction.
Représentant : R. BARTHES créateur du courant.
Elle s'intéresse à tout ce qui signifie quelque chose sans se préoccuper si cela est volontaire ou pas. Interprétation de phénomènes de société, elle cherche si les choses n'ont pas 14
un sens caché, des valeurs symboliques par exemple le combat bien/mal chez les catcheurs. Le combat à un rôle de catharsis. Elle s'est occupée d'analyse de publicités et des notions impliquées dans le langage.
Univers du sens caché, sans rigueur, non conventionnel : sémiologie de la Signification
B- DOMAINES D’APPLICATION :
1- LA SEMIOLOGIE VISUELLE :

La sémiologie visuelle ou sémiotique visuelle a été particulièrement développée dans les travaux du Groupe μ, et spécialement dans l'ouvrage fondamental qu'est Traité du signe visuel (1992). Cet ouvrage part des fondements physiologiques de la vision, pour observer comment le sens investit peu à peu les objets visuels. Il distingue d'une part les signes iconiques (ou icônes), qui renvoient aux objets du monde, et les signes plastiques, qui produisent des significations dans ses trois types de manifestation que sont la couleur, la texture et la forme. Il montre comment le langage visuel organise ses unités en une véritable grammaire. Une telle grammaire permet de voir comment fonctionne une rhétorique visuelle, au sein d'une rhétorique générale.
2- LA SEMIOLOGIE DU CINEMA :

La sémiologie du cinéma est née en 1964 (METZ Christian in Communication n°4). Elle étudie les films dans leur dimension langagière, en tant que système producteur de sens. Elle est d’inspiration initialement linguistique puis emprunte ensuite à la sémiologie générale, à la narratologie, à la psychanalyse, à la pragmatique.
Marquée par le structuralisme (Lévi-Strauss) la sémiologie postule l’objet (texte, image, film...) comme principal lieu du sens. Elle est fortement dénoncée depuis une quinzaine d’années pour son caractère immanentiste de la signification et la non prise en compte du 15
contexte et du spectateur dans la production de sens. Par ailleurs, un usage “pur et dur“ de la sémiologie depuis les années 70, loin de faciliter la compréhension des messages a, au contraire, conduit à certaines dérives pédagogiques du type grammaire de l’image.
« De nombreuses pratiques d’analyse des messages audiovisuels se sont développées dans la ligne des travaux théoriques sur la sémiologie de l’image fixe le plus souvent […] Ce type d’exercice pédagogique peut devenir inutile voire dangereux : lorsqu’il vise plus un apprentissage terminologique qu’un apprentissage méthodologique (on jongle avec la polysémie, la monosémie, le code, le référent, le signifiant et le signifié...) ; quand il devient une fin en soi au lieu d’être un moyen d’aider à voir, entendre, dépister le sens (ça dénote et ça connote à tour d’image et de pâtes Panzani) ; lorsqu’il n’est pas relativisé par l’apport d’autres savoirs sur les images (histoire de l’art, iconographie, approches psychanalytiques, socio-historiques, anthropologiques,...) ; lorsqu’il se transforme en impérialisme culturel ou social pour imposer «le bon sens» au mépris du respect des processus complexes d’appropriation des messages... » (JACQUINOT Geneviève -1985)
La sémiologie de l’image et du film dans ses versions originelles (Barthes, Metz ou Eco...) n’a plus cours aujourd’hui. Au mieux elle s’est teintée de pragmatisme : la signification n’est plus considérée comme la mécanique immanente d’une rencontre entre un signifiant et un signifié, mais le produit d’un “donné a voir“ et d’une réception contextualisée. Ni grammaire de l’image, ni codes prédéfinis, mais une construction spectatorielle toujours à re-situer dans son contexte géographique, historique, économique, social, culturel...
3- SEMIOLOGIE DE LA MUSIQUE :

Dans les années 1970 Jean-Jacques Nattiez et Jean Molino publient les textes basaux de la sémiologie de la musique ¨Fondements d´une sémiologie de la musique¨ et ¨Fait musical et sémiologie de la musique¨.
La sémiologie de Molino Nattiez se base sur deux triades : la notion de tripartition des formes symboliques et la conception triadique du signe développée par Charles Sanders Pierce. 16
La sémiologie tripartite de Molino Nattiez soutien que toute oeuvre musicale peut être abordée de trois points de vue: Le niveau poïétique (le point de vue de la production), le niveau esthétique (point de vue de celui qui reçoit le message musical) et le niveau immanente de l´oeuvre (l´ensemble des configurations du texte musical).
L´originalité de la tripartition de Molino Nattiez est l´affirmation de la non-convergence des ces trois niveaux.
C-TERMINOLOGIE INDISPENSABLE :

Voici, ci-dessous, quelques notions importantes de la terminologie sémiotique. Ces termes sont définis en fonction de leur emploi dans des études sémiotiques.
Analyse (nf)

1. Procédé par lequel, en comparant les textes d'un corpus, le sémiologue peut identifier les unités d'un système de signes et leurs règles de combinaison. C'est l'opération sur laquelle se fonde toute sémiologie empirique. Les fondements théoriques en ont été décrits par Hjelmslev (1968).
2. Processus par lequel un ordinateur convenablement « informé » sur un système de signes donné peut, à partir d'un texte de ce système de signes, construire une représentation symbolique formelle de son sens. Ce processus peut être réalisé, selon les besoins, par diverses techniques algorithmiques.
Auteur (nm)

Personne créant ou ayant créé un texte au sein d'une pratique culturelle donnée. Sens généralisé ici à tous les utilisateurs créatifs de systèmes de signes, et non pas réservé aux auteurs de textes de la modalité ``langue écrite''. 17

Contenu (nm)

Dans la théorie du langage de Hjelmslev, le contenu est le second terme de la fonction sémiotique : celui qui correspond au signifié saussurien. Un contenu se définit toujours en relation avec l'expression correspondante.
Corpus (nm)

Ensemble de textes utilisés par le sémiologue pour établir la connaissance d'un système de signes donné (c'est-à-dire pour recenser les unités, les catégories, et les règles de combinaison régissant la formation de ces textes).
Espace (nm) extérieur

Les systèmes sémiotiques ouverts comme les langues offrent la possibilité d'assembler des signes pour former des textes. Ils doivent pour cela disposer d'une certaine extension sur laquelle déployer ces signes, et sur laquelle ces signes seront lus. Nous appelons cette extension l'espace syntagmatique, ou espace extérieur du système de signes. Cet espace dépend de la modalité sémiotique : il s'agit du temps pour la langue parlée, de la dimension de la ligne pour la langue écrite, des deux dimensions de la page pour les images, etc. Nous le nommons ici espace extérieur par opposition à un second espace, l'espace intérieur des figures signifiantes, sur lequel peuvent se disposer, dans certaines modalités sémiotiques, des caractères élémentaires de reconnaissance.
Espace (nm) intérieur

Espace d'assemblage des caractères pour former des figures. Il se distingue de l'espace extérieur, qui est l'espace d'assemblage des signes pour former des textes. Ainsi, dans le cas de la langue parlée, les caractères (les traits phonologiques) se combinent-ils sur un espace intérieur qui se déploie sur la dimension du spectre de fréquence des sons : ces caractères auront comme corrélats physiques, sur cette dimension, des formants vocaliques et des enveloppes consonantiques ; les figures, au contraire (les phonèmes) se combinent sur l'espace extérieur qui se déploie sur la dimension du temps. Ou encore, dans le cas de la langue écrite, l'espace intérieur est bidimensionnel (le dessin de la lettre se reconnaît sur le petit rectangle dans lequel elle est inscrite), alors que l'espace extérieur est unidimensionnel (la ligne d'écriture). 18

Expression (nf)

Dans la théorie du langage de Hjelmslev, l'expression est l'un des deux termes de la fonction sémiotique : celui qui correspond au signifiant saussurien. Il ne se définit que comme terme de cette fonction, et n'a pas d'existence indépendante (« une expression n'est expression que parce qu'elle est l'expression d'un contenu »). D'une manière générale, les langages selon Hjelmslev se caractérisent par leur structure biplane : ils mettent en relation un plan de l'expression et un plan du contenu qui ne sont pas isomorphes.
Figure (nf)

Segment distinctif d'un texte, dans un système de signes donné. Les figures ne correspondent pas forcément à des signes, et l'unité signifiante ne peut émerger qu'au bout de l'assemblage de plusieurs figures (c'est le cas des langues en général). L'ensemble des figures minimales d'un système de signes forme un système : celui des phonèmes dans le cas de la langue parlée, celui des graphèmes dans le cas de la langue écrite ... Ce système peut lui-même trouver une décomposition combinatoire en éléments distinctifs plus « atomiques » encore que les figures : les caractères (les traits phonologiques, par exemple, dans le cas de la langue parlée), mais il ne s'agit plus alors de segments de texte : la figure est donc l'unité minimale sur l'espace extérieur.
Fondement (nm)

Selon Peirce, le fondement d'un signe est la cause de l'identification du représentamen en tant que signe de son objet : l'ensemble des motifs qui font que ce représentamen est reconnu comme tel, et pas comme signe d'autre chose, voire simple objet ne renvoyant à rien. Cette définition n'a heureusement pas souvent l'occasion d'être précisée plus avant.
Forme (nf)

Saussure (1916), à l'aide d'une célèbre analogie entre le signifiant et le signifié linguistique d'une part, et le recto et le verso d'une feuille de papier d'autre part, faisait remarquer que « cette combinaison produit une forme, non une substance. » Hjelmslev (1968) a souhaité pousser plus avant cette distinction, en commençant par remarquer en particulier que rien ne prouvait que la substance de l'expression ou celle du contenu - que Saussure présentait pour faire comprendre ces notions comme une « substance phonique » pure, et une « nébuleuse [de la] pensée » - eussent une existence indépendante « avant » leur participation au signe. Pour 19
Hjelmslev, la substance d'un segment dépend exclusivement de sa forme. Elle s'en distingue cependant par ce fait essentiel qu'elle est en-dehors de la langue, alors que la forme est entièrement en-dedans : chaque langue établit ses propres unités, au niveau de l'expression (phonèmes) ou au niveau du contenu (sémèmes), et ce sont ces unités seules qui peuvent être manifestées dans le discours, indépendamment d'une quelconque réalité acoustique ou psychologique.
Icône (nf)

'Eik'ôn n'est à l'origine que l'un des mots grecs que l'on peut traduire par « image ». Passé en latin et dans les langues occidentales, il n'en garde que le sens d'emprunt, celui de représentation dans l'art pictural byzantin (le latin ayant son propre mot, imago, pour l'image). Peirce en refonde le sens au siècle dernier en proposant d'appeler icônes les signes primaires, et plus généralement signes iconiques les signes qui renvoient à leur objet, c'est-à-dire à leur référence, par une ressemblance du signifiant avec celui-ci (se distinguant en cela des indices et des symboles). Une définition intuitive de l'icône comme signe « similaire » à ce qu'il dénote est d'ailleurs formulée par Morris :
Un signe est iconique dans la mesure où il a lui-même les propriétés de ses denotata ; autrement il est non-iconique. Un signe iconique, rappelons-le, est tout signe qui est similaire par certains aspects à ce qu'il dénote.
La ressemblance est une notion discutable, mais en s'appuyant sur les travaux d'auteurs comme Eco (1968) ou le Groupe μ (1992), on peut comprendre la spécificité de l'icône et la définir comme le texte (plutôt que le signe) d'un système qui organise le sens principalement autour de Gestalten d'origine perceptive.
Indice (nm)

Chez Peirce, l'indice se définit par opposition à l'icône et au symbole, dont il se distingue par la nature de la relation entre le représentamen et l'objet auquel il réfère : si l'icône ressemble à son objet (similarité brute de l'être), et si le symbole y renvoie en vertu d'une loi (conventionalité), l'indice, lui, présente une contiguïté existentielle avec son objet : l'un et l'autre sont des phénomènes liés dans l'univers physique (rapport de cause à effet, de partie à tout ...). L'indice ressemble donc plus au symptôme qu'au symbole. 20

Interprétant (nm)

1. Indice guidant le lecteur d'un texte quelconque à actualiser certains sèmes afférents et pas d'autres, et éventuellement même à virtualiser certains sèmes inhérents. Cet indice peut relever d'une doxa générale, ou dériver plus spécifiquement de la situation de communication ou du contexte textuel proprement dit. Par exemple, la connaissance du meurtre perpétré par Rodrigue est un interprétant de la phrase de Chimène « je ne te hais point » (phrase autrement ordinaire).
2. Selon Peirce, l'interprétant est le ``quelque chose'' auprès de quoi le représentamen tient lieu d'un certain objet. Peirce laisse volontairement cette notion dans l'ombre (il ne veut pas préciser s'il s'agit d'un individu, d'une pensée, ou d'un autre signe d'une autre nature que le premier), ce qui permet aux exégètes de l'interpréter à leur convenance.
Isotopie (nf)

Récurrence de sèmes identifiables dans plusieurs signes du même texte. L'isotopie a fait l'objet d'un ouvrage (Rastier, 1987), où il est montré que ces occurrences multiples d'un même sème constituent autant d'indices qui, se renforçant mutuellement, guident le lecteur vers une interprétation convergente. Ce processus n'est pas marginal dans la langue, mais est à la base de la faculté de lecture. Nous avons souhaité émettre l'idée que ce rôle de l'isotopie est encore plus fondamental dans les sémiotiques visuelles.
Lecteur (nm)

Personne percevant et interpétant un texte créé par un auteur. Sens généralisé ici à toutes les personnes confrontées à un ensemble de signes ou de messages de nature quelconque, et recourant à leur connaissance d'un certain système de signes pour le comprendre, et non pas réservé aux lecteurs de textes de la modalité ``langue écrite''.
Objet (nm)

Dans la terminologie de Peirce, l'objet d'un signe est sa référence, donc l'objet ou l'état du monde réel dont il tient lieu.
Paradigmatique (adj)
21
Si les signes de la langue se combinent en syntagmes sur le plan de l'expression, c'est-à-dire dans ce que Saussure (1916, 2ème partie, chap. V et VI) appelle l'axe syntagmatique, et si ces combinaisons sont identifiables en tant que telles, c'est parce que chacun des éléments de l'axe syntagmatique prend place dans une classe d'éléments qui pourraient virtuellement se substituer à lui : un paradigme. Ainsi, pour reprendre l'exemple de Saussure, si les morphèmes dé- et -faire sont identifiables séparément dans défaire, c'est grâce à l'existence d'autres formes contenant l'un des deux sans l'autre, comme décoller ou découdre d'une part, comme faire, refaire ou contrefaire d'autre part. La dimension paradigmatique du langage, celle donc où se déploient les paradigmes, s'oppose à la dimension syntagmatique en ce qu'elle n'est pas actualisée dans le procès de la parole : les deux dimensions sont orthogonales, et un paradigme n'est classiquement projeté dans un texte qu'en une position précise et par un seul de ses éléments - sauf dans une figure comme l'énumération. L'opposition syntagmatique/paradigmatique s'est imposée depuis Saussure dans toutes les conceptions structurales de la langue, et son pouvoir explicatif s'étend à plusieurs niveaux : phonologique, syntaxique, sémantique. En sémantique, la dimension paradigmatique a une importance particulière puisque c'est sur elle que se définit la valeur de chaque signe, par opposition avec ses parasynonymes, ses antonymes ...
Rastier (1994) suggère que l'ensemble des phénomènes sémantiques peut être décrit sur quatre ordres : syntagmatique, paradigmatique, référentiel et herméneutique.
Representamen (nm)

Signifiant, dans la terminologie de Peirce (objet qui tient lieu d'un autre objet).
Sémantique (nf)

La sémantique est l'étude du sens des langages. C'est un mot extrêmement général puisqu'il peut s'appliquer aussi bien à des systèmes formels (comme dans la théorie des modèles de Tarski) qu'à des langues humaines. En tant que science de la langue, la sémantique s'oppose « horizontalement » à la phonologie et à la grammaire, qui étudient d'autres aspects de la langue (à savoir respectivement le système de ses sons, et le système de classification et de combinaison entre elles de ses unités lexicales). En tant que science du sens, elle s'oppose « verticalement » à la sémiotique ; mais la distinction est ici bien moins claire. Telle que conçue par Saussure (1916), la sémiologie est en effet une science de tous les signes « [de] la vie sociale », et doit donc englober la sémantique de la langue. Dans les travaux de l'École de 22
Paris au contraire, la sémiotique semble bien n'être une extension, voire une spécialisation, de la sémantique. Nous faisons ici du terme sémantique un usage qui désigne une discipline descriptive des sens d'un langage donné - et qui à ce titre peut donc aussi bien s'appliquer à une image qu'à un texte linguistique -, et nous concevons donc la sémantique comme subordonnée à la sémiotique, la première discipline étant plutôt technique et la seconde plutôt théorique.
Sème (nm)

1. Chez Buyssens (1943), le sème est le modèle immanent de l'acte de communication - c'est donc le texte, mais le texte-type, qui s'oppose au texte-occurrence (que Buyssens appelle acte sémique).
2. Chez Pottier et les auteurs français postérieurs, le sème est l'atome de signification, le trait sémantique qui permet de définir une opposition élémentaire entre deux signifiés semblables par tout le reste. La « contenance » exacte de cet atome n'est bien sûr pas régulièrement déterminée par une sorte de granularité naturelle à la substance du contenu, mais dépend entièrement de la forme donnée à celle-ci par le système de signes utilisé.
Sémiologie (nf)

La théorie générale des signes a été baptisée sémiologie par Saussure, ou plus près de nous par Buyssens, Mounin, Barthes, et même encore par Eco en 68, avant que l'usage n'entérine la collision de ce terme avec celui de sémiotique, d'origine anglo-saxonne (Locke, Peirce). Aujourd'hui, le second terme prédomine dans ce sens. Il fallait donc que le premier se cantonne dans un sens plus spécialisé ; ce fut celui de la description spécifique de systèmes de signes particuliers. Comme le fait d'ailleurs remarquer Eco (1968), cet emploi est déjà contenu dans celui, plus précis, de Hjelmslev, pour qui une sémiologie est une sémiotique dont le plan du contenu est lui-même une sémiotique. Cette distinction est d'une certaine manière reflétée ici. D'une démarche plus consciente, nous avons voulu, dans l'expression « système sémiologique » par exemple, introduire entre sémiotique et sémiologique la même nuance que celle qui existe entre phonétique et phonologique (on aurait dit en anglais ``semiomics'', suivant la distinction `etic'/`emic' chère à Eco) : une nuance entre la science de la substance et celle de la forme. 23

Sémiologique (adj.)

1. Relatif à une sémiologie. 2. niveau sémiologique (chez Greimas, 1966) : niveau inférieur de l'univers signifiant des langues - celui des sèmes intervenant dans les figures nucléaires -, il s'oppose au niveau sémantique, celui des classèmes (ou sèmes contextuels). Les « catégories sémiologiques » représentent pour Greimas « la contribution du monde extérieur à la naissance du sens ».
Sémiotique (nf)

Théorie des signes en général, la sémiotique a des ambitions totalitaires que n'a pas la sémantique linguistique. Pour Peirce, tout ce qui est mental est sémiotique, donc la sémiotique englobe la description de toute expérience. Or c'est encore à Peirce que se réfèrent les auteurs les plus lus dans le domaine de la sémiotique générale (Sebeok, Eco) : la sémiotique est donc pour eux une phénoménologie qui doit englober par exemple les indices (signes naturels). On rencontre des conceptions plus spécialisées, comme celle de Prieto et de Mounin, pour qui la sémiotique a justement pour intérêt de se consacrer à des systèmes de communication non-linguistiques, ou au contraire celle de Greimas, pour qui la sémiotique permet à la linguistique de dépasser les questions strictement grammaticales et d'aborder les structures sémantiques qui transcendent le linguistique (qu'on trouve dans l'analyse du récit, du mythe, du poème ... [Greimas, 1970, 1983]). Dans la lignée de Saussure et de Hjelmslev, nous nous intéressons ici à la possibilité d'étendre les projets de la linguistique à d'autres systèmes de signes.
Sémiotique (adj)

1. Relatif à la sémiotique. 2. fonction sémiotique (chez Hjelmslev [1968]) : relation entre un segment du plan de l'expression (signifiant) et un segment du plan du contenu (signifié).
Sens (nm)

Le sens d'un texte est, dans la perspective de son auteur, l'intention guidant la composition de ce texte, et, dans la perspective de son lecteur, le contenu dégagé de ce texte par une interprétation.
Il est conçu comme parfaitement possible que le sens, défini de cette manière, puisse être multiple ; que l'interprétation faite par un lecteur donne un sens qui ne coïncide pas forcément 24
avec celui donné par l'interprétation d'un autre lecteur, et que ces deux-là ne coïncident encore pas toujours avec l'intention de l'auteur.
Signal (nm)

1. Signe isolé (ou plus rigoureusement texte indécomposable, et donc réduit à un seul signe) dont l'interprétation possible est par conséquent rigoureusement limitée : le signal est absent ou présent, il a été perçu ou il ne l'a pas été, et ses possibilités de signifier en sont réduites d'autant. On parle ainsi de signaux pour les signes dont la fonction est réduite à déclencher une réaction comportementale.
2. Matériau physique de la théorie de l'information - qui n'a aucune composante sémantique. Ainsi les vibrations de l'air convoyant la parole restent-elles du « signal » tant qu'elles n'ont pas été « reconnues ».
Signe (nm)

Unité sémiotique. Une abondante littérature est consacrée à cette notion dont on hésite à dire qu'elle constitue un concept tant il en a été proposé de définitions différentes (une tentative de synthèse unitaire est esquissée par Eco [1988]). Saussure a introduit en linguistique l'idée féconde d'une unité définie par ce qu'elle met en relation deux termes (n'existant eux-mêmes qu'en cette association) : un signifiant, « image acoustique », et un signifié, « concept ». Nous reprenons à notre compte la définition analytique de Hjelmslev, qui appelle signe toute unité porteuse d'un sens, qu'elle soit simple ou complexe (les phrases sont des signes autant que les mots), mais considérée toujours comme partie d'un texte.
Signification (nf)

La signification est l'élément de contenu qu'apporte un signe donné aux textes auquel il participe. C'est une abstraction linguistique, puisque le seul contenu sémantique donné réellement est le sens des textes. Cette abstraction trouve son intérêt dans la pratique lexicographique, c'est-à-dire l'enseignement d'usages codifiés en langue.
Syntagmatique (adj)

Tout système de signes possédant une première articulation, c'est-à-dire la possibilité de combiner des signes pour créer un nouveau texte, doit le faire en déployant ses signes sur un 25
certain espace et selon certaines règles. Cet espace de déploiement des signes peut être à une dimension, comme dans le cas de la langue, ou à deux dimensions, comme dans le cas de l'image. C'est l'espace d'agencement des syntagmes : l'espace syntagmatique. Selon Saussure (1916, 2ème partie, chap. V et VI), les signes linguistiques s'interdéfinissent dans une organisation subtile de l'axe syntagmatique et de l'axe associatif (qui sera appelé plus tard « axe paradigmatique »).
QUELQUES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
Roland Barthes, 1968. Texte (théorie du). Paris : Encyclopædia Universalis. (Édition consultée 1968).
Roland Barthes, 1985. L'aventure sémiologique. Paris : Seuil.
Oswald Ducrot et Tzvetan Todorov, 1972. Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. Paris : Seuil (coll. « Points Anthropologie Sciences Humaines »).
Umberto Eco, 1988. Le signe. Paris : Le livre de poche (coll. « Biblio/Essais ») ; (Première édition Milan, 1973. Adaptation. fr. Bruxelles : Labor).
Algirdas Julien Greimas, 1966. Sémantique structurale. Paris : P.U.F. (coll. « Formes Sémiotiques »), 1986 (Première édition Paris, Larousse, 1966).
Louis Hjelmslev, 1968. Prolégomènes à une théorie du langage. Paris : Minuit (coll. « Arguments »), 1968/1971.
Charles S. Peirce, 1978. Écrits sur le signe. Paris : Seuil (coll. « L'ordre philosophique »). Rassemblés, traduits et commentés par Gérard Deledalle.
François Rastier, 1990. « Sémiotique ». In Encyclopédie philosophique universelle, Paris : PUF.
Ferdinand de Saussure, 1916. Cours de linguistique générale. Paris : Payot, 1995 (Première édition 1916).
Pascal Vaillant, 1999. Sémiotique des langages d'icônes, Paris : Honoré Champion (coll. « Bibliothèque de grammaire et de linguistique »).



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